Dear collective body of KADIST
Natasa Petresin-Bachelez
https://kadist.org/program/dear-collective-body-of-kadist

Cher corps collectif de KADIST,
Les institutions sont des assemblées de corps humains, qui les composent et en assurent le fonctionnement —en compagnie d’entités non-humaines, liées aux systèmes, aux structures et aux objets qui les constituent et les régulent, et aux écosystèmes que les institutions produisent à travers leurs actions et leurs alliances. C’est pourquoi ma lettre s’adresse à tou·te·s les membres de votre équipe et de votre conseil d’administration, à vos prestataires de service, comme les personnes en charge du ménage ou de la technique, qui composent votre organization à but non lucratif accueillant une collection au croisement de l’art contemporain et des pratiques socialement et politiquement engagées, située à Paris et San Francisco. Ce faisant, je m’inscris aussi dans une longue période durant laquelle vous avez tou·te·s composé et pris soin de la collection de votre organisation, des artistes et des travailleur·euse·s de l’art avec lesquel·le·s vous avez collaboré, des expositions et des programmes discursifs que vous avez conçus et que vous préparez, des publications, des partenariats, des médiations, de vos publics et de votre présence en ligne. Là où les corps se rencontrent, où les corps se touchent.
Nous sommes au début de l’été 2020 et, en France comme ailleurs, les gens éprouvent la manière dont la pandémie du COVID-19 a transformé les paysages sociaux, environnementaux, culturels et politiques. L’appel à « Restez chez vous » (#stayathome) a mis en lumière toutes les inégalités sociales et la hausse des violences domestiques en France1\ainsi que dans de nombreux autres pays. De nombreuses minorités n’ont pu rester chez elles durant le confinement, car elles forment une proportion importante des travailleur·euse·s « essentiel·le·s » : caissier·ère·s de supermarché, personnel de sécurité, personnel soignant dans les hôpitaux, employé·e·s des transports publics, facteur·trice·s, hommes et femmes de ménage, livreur·euse·s. En avril dernier, Elísio Macamo écrivait : « Le COVID-19 nous rappelle cruellement que la crise, c’est nous. Alors que nous rassemblons nos forces pour regarder la pandémie dans les yeux, nous ferions bien de ne pas oublier que notre normalité, c’est la crise. L’histoire nous a enseigné qu’on ne vient pas à bout d’une crise en prenant pour objectif un retour à la normale. On vient à bout d’une crise en se donnant la possibilité d’agir quelles que soient les circonstances. »2\
Il existe de nombreuses régions sur cette planète où ce qui se passe n’a jamais été normal pour commencer,3\ comme le montre la lutte de longue haleine pour la justice sociale et raciale portée par le mouvement Black Lives Matter, enfin planétaire. Les profondes transformations qui ont affecté les manières de penser la société, la culture et l’écologie ne manqueront pas d’entrer en dialogue et en répercussion avec le milieu artistique et culturel, comme on a pu l’observer en France, au moins depuis les quinze dernières années. La nécessité de se situer, de situer les autres sujets, les objets et les choses afin d’entamer une conversation est plus évidente que jamais. Se situer implique de prendre la responsabilité des positions à partir desquelles on articule ses convictions et ses revendications.
Alors que les espaces de KADIST sont actuellement en travaux et que vous êtes fermée au public, vous avez choisi de placer dans votre vitrine une œuvre historique intrigante de votre collection, tirée de la série UFO de l’artiste conceptuel slovaque Július Koller, qui date de 1978. Cette vitrine permet d’ordinaire à la passante de jeter un œil à ce qui est présenté à l’intérieur de l’espace. Actuellement, on y voit l’image en noir et blanc d’un groupe d’environ 30 personnes, plutôt jeunes, au premier rang desquelles l’artiste lui-même, assises au milieu d’une vaste prairie en formant un point d’interrogation. Cette image s’intitule en effet Universal Futurological Questionmark (point d’interrogation futurologique universel). C’est ainsi que l’artiste appelait les moments où il interagissait avec des groupes de gens, ou bien transformait une situation apparemment banale en événement culturel, en anti-happening. Alors que les espaces de KADIST sont en cours de rénovation, et alors que les sociétés tout entières en appellent également à une rénovation, le point d’interrogation est sans doute le symbole qui enregistre le mieux ce temps suspendu, invitant la passante à prendre un moment pour réfléchir à ce qui nous attend.
Peut-être aussi que le point d’interrogation de Koller est là pour permettre à votre public de vous poser des questions. De mon côté, en tant que collaboratrice et associée régulière, voici quelques questions ouvertes que j’aimerais vous poser :
Que signifie pour vous, corps collectif de KADIST, le pronom « nous » ?
Lorsque vous prenez la parole, qui réduisez-vous au silence, qui à le droit d’exister ?4\
À quelles mesures de protection pensez-vous afin d’éviter un retour au modèle de production d’avant la crise ?5\
Comme je ne peux pas répondre à votre place, voici quelques réflexions sur l’impact qu’ont, selon moi, ces questions sur le paysage institutionnel de l’art dans lequel je m’inscris.
Que signifie pour moi le pronom « nous » ?
Dans la lignée de la chercheuse féministe décoloniale Paola Bacchetta, qui rappelle dans ses écrits l’importance de se situer avant d’écrire ou de prendre la parole,6\ je vais me situer rapidement : je suis une femme cis, hétérosexuelle, blanche, d’Europe de l’Est, issue d’un milieu familial à la fois ouvrier et de classe moyenne, née en ex-Yougoslavie. J’ai un corps valide, mais je souffre d’une maladie auto-immune depuis l’enfance, et on m’a récemment diagnostiqué une autre maladie chronique. J’ai un diplôme universitaire et je travaille dans l’art depuis de nombreuses années. Au cours de mon enfance en Slovénie — la plus au Nord des anciennes républiques yougoslaves — j’ai été marquée par les remarques racistes formulées par les enfants aussi bien que par des adultes apparemment raisonnables à propos des pays d’origine de la famille de mon père, la Bosnie et l’Ukraine. Aujourd’hui, dans l’imaginaire européen blanc, ces régions et de nombreuses autres alentour sont associées aux territoires racisés du Sud Global. Dans le Nord Global, je reçois constamment des commentaires sur l’accent slave qui ressort dans toutes les langues étrangères que je parle. Ces commentaires sont soit exotisants, soit humiliants. J’ai du apprendre seule à me défaire de l’écrasant récit occidentalisé qu’on m’a inculqué dans le système scolaire slovène. Cela m’a amenée à travailler, en tant que curatrice et autrice, au croisement des pratiques sociales et politiques de l’art en lien avec l’écologie, l’activisme féministe et le racisme environnemental ; ainsi que sur l’impact de la nouvelle ère géologique parfois appelée Anthropocène, Capitalocène7\, Plantationocène8\, ou encore Négrocène9\, sur le champ de l’art et sur notre appréhension du soin en tant que tâche planétaire. Ce faisant, je me sens redevable à la pensée féministe intersectionnelle que Sara Ahmed décrit comme une théorie vécue et incarnée.10\
« Nous » se compose de nombreux·euses « je » interdépendant·e·s, et il me faut le situer chaque fois que je l’emploie, afin de rendre justice à celleux qui en sont exclu·e·s. Le « nous » général si souvent usité, y compris dans le contexte de l’art, n’existe pas, sauf en tant que projection se référant trop souvent à des sujets blanc·he·s, cis et hétérosexuel·le·s.
Lorsque vous prenez la parole, qui réduisez-vous au silence, qui à le droit d’exister ?
Aux yeux de nombreux·euses intellectuel·le·s conservateur·trice·s et même de femmes et d’hommes politiques en France, le terme d’intersectionnalité n’aurait jamais du être introduit ici, ou aurait dû en tous cas rester confiné pour toujours. Pour d’autres, il est pourtant d’une nécessité vitale.


“Who keeps the cube white?” (qui maintient le cube blanc ?) est une question intersectionnelle cruciale posée par les étudiant·e·s et militant·e·s du Goldsmiths College de Londres, qui manifestent depuis quelques années pour de meilleures conditions de travail et de rémunération des employé·e·s de ménage de l’école. Pour les générations émergentes de professionnel·le·s de l’art, le militantisme de ces étudiant·e·s, mais aussi de groupes et d’espaces comme Decolonize this Place et Gulf Labour Artist Coalition aux États-Unis,  Décoloniser les arts, Un Lieu pour respirer ou La Colonie en France, ou encore  Rhodes Must Fall à l’université de Cape Town, ont une importance immense. Plus récemment en France, la lettre ouverte adressée par Louise Thurin, une étudiante de 20 ans, aux musées du pays, a fortement résonné dans le champ de l’art et de la recherche. Elle leur demande comment peuvent-ils l’éduquer, elle et sa génération, sur le racisme.11\ Au même moment Yesomi Umolu, directrice et curatrice au Reva and David Logan Center for the Arts, Université de Chicago, publiait un manifeste sur ce que les musées doivent internaliser avant de pouvoir mener à bien leur travail de parité. Umolu souligne « le besoin urgent de cultiver des pratiques de soin dans nos vies quotidiennes, depuis la reconnaissance du travail de soin indispensable fourni par les travailleur·euse·s essentiel·le·s (issu·e·s pour la plupart de communautés minoritaires), jusqu’à l’appel vibrant du mouvement Black Lives Matter, qui nous rappelle (une fois de plus) que les vies noires comptent autant que les autres. »12\
La méthode intersectionnelle est liée au terme d’« intersectionnalité », notoirement forgé en 1989 par la professeure de droit et théoricienne Kimberlé Crenshaw. Crenshaw le définit comme « l’idée selon laquelle les femmes subissent l’oppression selon des configurations et des degrés d’intensité variés. Les schémas culturels de l’oppression ne sont pas seulement correlés, mais ils sont indéfectiblement liés et influencés par les systèmes intersectionnels de la société. On peut citer par exemple la race, le genre, la classe, la validité et l’ethnicité. »13\ Aujourd’hui, pour Crenshaw, « l’intersectionnalité est un prisme à travers lequel vous pouvez observer d’où vient le pouvoir et les collisions qu’il produit, où il s’imbrique et s’intersecte. »14\
Alors que le néo-fascisme gagne en visibilité et en force, l’intersectionnalité offre un cadre essentiel pour déconstruire les structures de pouvoir blanches à l’œuvre dans les institutions et les pratiques de travail artistiques et curatoriales. L’égalité sociale et la justice sociale sont au cœur des enjeux de l’intersectionnalité. Les pratiques de responsabilité, de soin et de respect mutuel entre les positions individuelles devraient aujourd’hui figurer au premier plan du discours des institutions artistiques. Les institutions doivent travailler dur pour réaliser le potentiel politique de l’intersectionnalité aujourd’hui, et en profiter pour se transformer en profondeur.15\
À quelles mesures de protection pensez-vous afin d’éviter un retour au modèle de production d’avant la crise ?
Suely Rolnik a récemment écrit : « Il devient urgent de défaire cette sorte de régime (colonial-racial-capitaliste) inconscient qui maintient notre désir sous sa coupe, d’abandonner ses formations dans le champ social et, avec elles, les personnages que nous jouons sur leurs scènes, en performant de nouveaux personnages, leurs corps et leur champ relationnel — en résumé, leurs modes de vie. Au cours de ce processus, les frontières entre l’art, la thérapeutique et la politique deviennent indiscernables. »16\ En mai 2020, j’ai fondé avec Elena Sorokina, commissaire d’art interdépendante et critique d’art, une Initiative for Practices and Visions of Radical Care (initiative pour des pratiques et des visions du care radical). Nous avons commencé à travailler avec des artistes qui partagent avec nous les manières dont ielles transforment leur productivité et leur créativité en des formes de soin et de solidarité autour des plus fragiles et des plus vulnérables. Nous nous posons les questions suivantes : comment pouvons-nous prendre soin, mais aussi cultiver des formes de soin ? Comment ces gestes pourraient-ils contribuer à repenser plus largement le système de production, de distribution et de solidarité mutuelle dans le champ de l’art contemporain ? Comment pouvons-nous tenter d’imaginer des futurs partagés qui soient socialement et culturellement justes, mais aussi durables, grâce à des formes de radical care ?17\ En abordant ces questions à travers notre initiative, nous souhaitons mettre en place un écosystème alliant commissaires et artistes dans un espace social fondé dès le départ sur des relations de soin, de solidarité et d’inclusivité.18\ Nous essayons de ralentir nos manières de travailler, et d’œuvrer en interdépendance avec les artistes, afin de prendre en compte la dure réalité du racisme structurel en passe de devenir une question de santé publique, avec la conviction que l’art est un espace de soin radical.
Pour parler poétiquement, tournons-nous vers Fred Moten, qui nous invite à : «…ralentir, rester, afin de pouvoir nous rassembler et réfléchir aux manières de nous rassembler. Et s’il s’avérait que notre manière de nous rassembler était la manière de se rassembler ? … Viens reprendre de ces différences que nous partageons. Les différences sont-elles notre manière de partager ? Partageons pour mieux nous différencier, dans une incompréhension sous-commune. »19\
Comme l’écrit Isabelle Stengers dans son récent livre Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, du point de vue de la science, prêter attention est assimilé à une perte de temps ; mais du point de vue de la science lente, prêter attention peut enseigner aux institutions de recherche et aux chercheur·euse·s à se laisser affecter et à affecter la création du futur. Critiquant l’accélérationnisme en faveur de la décélération, Isabelle Stengers est une fervente opposante à la globalisation et au néo-libéralisme, comme l’a montré son soutien aux luttes des militant·e·s anti-OGM. Ces dernières années, nombre de ses écrits ont souligné le fait que les nouvelles politiques de recherche publique se contentent de soutenir les recherches susceptibles de produire des bénéfices dans un marché universitaire compétitif. En réaction, Stengers invite chercheuses et chercheurs à prendre son « plaidoyer pour une science lente » au sérieux. La science lente, écrit-elle, s’attache « à la qualité de la recherche, c’est-à-dire également à sa capacité à répondre aux problèmes contemporains. »20\
En proposant de mesurer la fiabilité scientifique à l’aune de préoccupations sociales et politiques et plus seulement à celle du jugement scientifique, Stengers conçoit la science lente comme une opération qui permettrait de se ressaisir de l’art de faire avec, et d’apprendre de, ce que les scientifiques considèrent trop souvent comme désorganisé — c’est-à-dire ce qui échappe aux catégories générales et soit-disant objectives. S’appuyant sur le travail des éco-féministes et d’autres militant·e·s états-unien·ne·s, elle appelle à apprendre à s’écouter les un·e·s les autres afin de reconnaître les valeurs émergentes qui n’apparaîtront que si « celleux qui se rencontrent ont appris comment donner au problème autour duquel ielles se rencontrent le pouvoir de compter et de les connecter de façon efficace. » Pour permettre l’apparition de ces moments qui nous subjuguent et nous transforment à jamais, parce que nous comprenons la perspective de quelqu’un·e d’autre — parcequ’un pouvoir de transformation émane des participant·e·s qui pensent ensemble — nous avons davantage besoin du « savoir lent du·de la jardinier·ère que de celui, rapide, de la prétendue agriculture industrielle rationnelle. »21\
Je vous souhaite de belles conversations et des actions mûrement réfléchies pour les temps à venir.
Prenez soin de vous, cultivez le soin.
Natasa Petresin-Bachelez
 
1 Hervé Hinopay, « A Delafontaine, les soignants sont ‘au front sans armes’ », 13 avril 2020, Bondyblog, https://www.bondyblog.fr/societe/sante/a-delafontaine-les-soignants-sont-au-front-sans-armes/
2  Elísio Macamo, « The normality of risk: African and European responses to Covid-19 », www.coronatimes.net, 13 avril 2020. https://www.coronatimes.net/normality-risk-african-european-responses/
3 Voir le e-book : What Was Happening Here Was Never Normal, Versopolis Review, août 2020. http://www.versopolis.com
4 Je remercie Elisabeth Lebovici d’avoir formulé le lien entre prendre la parole et réduire au silence. Sur le droit à exister, voir : Achille Mbembe, “The Weight of Life. On the Economy of Human Lives”, Eurozine, 6 juillet 2020. https://www.eurozine.com/the-weight-of-life/?fbclid=IwAR08D2l2XGt5bzoqI6ParVD40TN-T1_DHZJig28cnmQnrevIaDNcsOe5icw
5 Bruno Latour, “What protective measures can you think of so we don’t go back to the pre-crisis production model?”, Festival of Hope, édition de Versopolis Review, avril 2020. https://www.versopolis.com/times/opinion/846/what-protective-measures-can-you-think-of-so-we-don-t-go-back-to-the-pre-crisis-production-model
6 Paola Bacchetta, Françoise Vergès, Who is Speaking ?, KASK School of Arts, Gand, 2017, dans le cadre du vernissage de l’exposition Show Me Your Archive and I Will Tell You Who is in Power, Kiosk Gallery, 2017, dont j’étais co-commissaire avec Wim Waelput. https://www.internationaleonline.org/dialogues/11_who_is_speaking
7 Jason Moore (ed.), Anthropocene or Capitalocene : Nature, History and the Crisis of Capitalism, Oakland: PM Press, 2016.
8 Donna Haraway, « Anthropocene, Capitalocene, Plantationocene, Chthulucene: Making Kin”, Environmental Humanities, 2015, vol. 6, nr. 1, p. 159-165.
9 Malcom Ferdinand, Une Ecologie décoloniale. Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Paris : Editions du seuil, 2019, p. 103.
10 Sara Ahmed, Living a Feminist Life, Durham: Duke University Press, 2017, p.10.
11 Louise Thurin, “Chers musées…” : La réaction des institutions muséales au mouvement BlackLivesMatter”, 11 juin 2020, https://www.artistikrezo.com/art/chers-musees-la-reaction-des-institutions-museales-au-mouvement-blacklivesmatter.html
12 Yesomi Umolu, “On the Limits of Care and Knowledge: 15 Points Museums Must Understand to Dismantle Structural Injustice”, Artnet, juin 2020, https://news.artnet.com/opinion/limits-of-care-and-knowledge-yesomi-umolu-op-ed-1889739
13 Kimberlé Crenshaw, “Demarginalizing the Intersection of Race and Sex: A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics” in University of Chicago Legal Forum, numéro spécial: Feminism in the Law: Theory, Practice, and Criticism (University of Chicago Law School, 1989).
14 “Kimberlé Crenshaw on Intersectionality, More than Two Decades Later,” law.columbia.edu, 8 juin 2017
15Voir Natasa Petresin-Bachelez, “Transforming Whiteness in Art Institutions”, e-flux journal n° 93, 2018, https://www.e-flux.com/journal/93/216046/transforming-whiteness-in-art-institutions/
16 Suely Rolnik, “Micropolitics towards the end of a world. What does art have to do with this?”, séminaire en ligne, HfK, 01.07.2020. https://www.hfk-bremen.de/t/vortr%C3%A4ge/n/online-vortragsreihe-freie-kunst-suely-rolnik
17Pour une approche récente de la notion de « radical care », voir Hi‘ilei Julia Kawehipuaakahaopulani Hobart and Tamara Kneese, “Radical Care. Survival Strategies for Uncertain Times”, Social Text 142, vol. 38, n° 1, mars 2020.
18 https://www.r22.fr/antennes/sollicitude-publique
19 Fred Moten, “Remain,” in Thomas Hirschhorn: Gramsci Monument, ed. Stephen Hoban, Yasmil Raymond et Kelly Kivland (New York : DIA Art Foundation ; Londres: Koenig Books, 2015), 326–27.
20 Voir Natasa Petresin-Bachelez, “For Slow Institutions”, e-flux journal n° 85, 2017, https://www.e-flux.com/journal/85/155520/for-slow-institutions/
21 Isabelle Stengers, “‘Another Science is Possible!’ A Plea for Slow Science”, 2011, https://threerottenpotatoes.files.wordpress.com/2011/06/stengers2011_pleaslowscience.pdf