problème de calculabilité (ref bouquin sur la calculabilité? un site?)
calculabilité : En théorie de l'informatique, il ne suffit pas de pouvoir calculer des résultats, il faut parfois pouvoir anticiper si un programme va se terminer ou tourner en boucle indéfiniment. C'est sans doute dû au fait que le champ d'action des algorithmes peut dépasser nos perceptions, nos projections et même notre temps de vie.
->exemples?
temporalités longues : la goutte de poix (on peut facilement arguer à partir de nos expériences quotidiennes que la gravité, la fragilité du support ou la maladresse d'un?e laborantin?e va faire que cette goutte va tomber, à un moment ou à un autre)
expérience de la tique décrite par Uexkuhl -> on sait que ça peut durer longtemps mais on ne sait pas combien de temps.
La recherche travaille avec des temporalités, des logiques temporelles diverses aux échelles extrêmement étendues.
que faire avec des objets dont nous n'avons pas d'éléments pour anticiper la fin, le point de chute, dont la trajectoire ne n'est pas prévisible?
-> prévisibilité jean?
livre science fiction Van Vogt, fondation -> retour à intervalle régulier du fondateur, sou sla forme d'un oracle à la fois attendu et surprenant, décalé et en phase avec l'actualité.
Philippe Mangeot, la fin de la revue, déclencher la fin, c'est une manière de rompre cette incertitude et de reprendre en main l'angoissant destin en roue libre d'un projet collectif.
La tôlerie, 3 ans et un déclenchement de la fin qui structure le projet, un temps fini qui donne aussi l'énergie au groupe d'aller au bout.
Un rapport à la fin ne peut faire l'économie d'un rapport à la mort. La mort comme fin inéluctable des individus.
L'arrêt d'un système vivant est un événement mais c'est aussi l'une des choses dont on peut être le plus convaincu au cours de la vie. La goutte de poix finira par tomber.
Que signifie pour nous cette disparition? SI on se met d'accord sur le fait que le corps emporte avec lui tous les systèmes d'interaction qui rendent l'être présent au monde, que reste-t-il de ce passage?
La mémoire bien sûr, active un ensemble de principes, de connexions, qui maintient ces interactions vivaces pour un temps. Elle est profondément ancrée en chaque individue mais produit une présence localisée, virtuelle et constitue sans doute la trame du manque.
La mémoire n'est pas une simple suite d'accroches au passé, elle tisse entre nous des liens qui dépassent la cadre de notre cerveau. Nos corps sont marqués par le passage des autres, mais nos corps sont aussi formés par les êtres disparus, nos parents, nos grands-parents, dont la main trop massive vit encore au bout de notre bras, dont la silhouette ou la démarche réapparaît avec les premiers pas d'un enfant.
prévision : je suis dans le train, l'horaire d'arrivée est annoncée et la dans la plupart des cas, la mécanique produit son miracle, le voyage prend fin dans la gare prévue, autour de l'horaire indiqué sur le billet. Ce qui nous angoisse concernant notre propre voyage, nous rassure d'une manière locale.
-> commencer avec ça? une scène dans une gare avec un?e narrateur?rice qui arrive à l'heure au terminus.
"Pile-poil, pas de retard, c'est effrayant, non?"
"Pile-poil" (titre du texte)
-> le personnage dans le train, à côté dit "pile-poil" et annonce que c'est le titre du texte, il annonce en même temps, rigolard, que c'est la gare de Lison et qu'il faut descendre. Le narrateur prend ses affaires dans un mouvement de panique et descend du train, manquant de s'écraser sur le béton du quai. Puis le personnage rigolard descend tranquillement du train, c'était le terminus, on ne pouvait pas manquer l'arrêt...
un petit train dans une gare de campagne, avec peu de gens sur le quai, une peuplade queer dans une zone perdue
-> gare de Lison? (trouver des gares de terminus perdues en france?)
-> ou un train dont le terminus est Lison mais où on voit bien que la voie continue.
La fin n'est que transmission, pour permettre la vie, l'activité des autres êtres, il faut libérer des places, creuser des trous qui seront comblés par d'autres. Mais pour aller plus loin l'autre n'est jamais complètement l'autre. Nous sommes les autres en partie, dans nos corps, dans nos mémoires partagées, dans nos choix. Nous sommes nous. La mort, en ce sens n'est pas la fin absolue, la mort révèle la structure de nos vies, à l'encontre de nos projections, et peut-être aussi de nos ambitions. On se rêve individu, on se rêve centre, on se rêve unique, on se rêve sujet absolu.
Dans certaines théories féministes et décoloniales, la marque systémique est très forte, elle condamne - à en croire ses détracteur?rices - à la dilution du sacro-saint sujet dans une mer autoritariste d'interactions et de dépendances.
Mais comment faire comprendre la beauté du partage des faiblesses, du partage des dominations dont nous sommes les vecteurs?
Être avant-tout vu comme un homme cis-genre, blanc, hétérosexuel peut constituer une cruauté dans certains contextes, mais cette cruauté est un lien, cette cruauté est partagée - à moindre intensité d'ailleurs - avec d'autres cruautés bien plus intenses, bien plus étendues - à des peuples entiers - et marque l'appartenance à une communauté vaste et réelle que l'on se doit de connaître. En connaissant sa position, on entame le deuil de notre disparition, on prend conscience de la calculabilité de nos existences. Elle nous aide à agir localement, là où nous vivons effectivement, et là où nous mourrons effectivement.
Car c'est la mort qui va sceller - cruellement - notre place effective dans le monde. Vivre avec la mort, dans la mort, c'est paradoxalement vivre plus intensément.
On le voit dans les prises de risques dont nous avons parfois besoin pour sentir la vie comme survie, ces intensités sont souvent consommées à grand renfort d'énergie fossile, de moyens financiers spéculatoires, de dangers imposés aux autres. Mais le plus vertigineux des dangers est parfois la prise de conscience de nos limites réelles, la gravité, la dépendance aux autres, les positions dans le monde, la mort.
Prendre conscience de sa position, c'est mourir un petit peu, c'est aussi un orgasme délectable, un plaisir collectif.
Donc, finir, c'est collectif.
Peut-être est-ce parce que mon fils a décidé de venir au monde la veille de la disparition de mon père mais une vague idée d'immortalité transpire de cette situation. Il est fort probable que mon fils connaîtra lui aussi la mort de ses parents et que sa potentielle descendance, ou encore ses ami?es, ses proches auront cette expérience elleux aussi de ces disparitions. Mon père se regardait dans le miroir et y voyait sur la fin mon grand-père. Je voyais dans son visage séché par la fatigue de la maladie furtivement les traits de ma grand-mère. Lou enfant ressemble pour un temps comme deux gouttes d'eau à mon père au même âge, et moi-même je commence à me voir comme je le voyais quand j'étais môme. Cette continuité est passionnante, nous modelons à bout de doigt, tenons en lévitation à bouts de doigts une boule d'argile collective, complexe, lourde, mouvante, une sorte de terrain commun, qui survit à nos passages, en garde des traces pour un temps et les impose à nos compagnon?nes de vie, de proche en proche.
Ce qui agit au monde, c'est cette boule, elle reste humide, s'imprime sur nous, marque nos visages, courbe nos vertèbres, tord nos doigts, contraint nos actes, mais transmet les vibrations dans toute la communauté. nous existons à travers elle et elle survit à nos chutes.
Il n'y a pas d'individu qui tienne. Tous disparaissent. Sans exception.
Ne ne pouvons exiger d'autorités sur les membres de cette communauté, nous collaborons au même titre, avec nos singularités à la faire perdurer. Et le tuilage de nos existence scelle sa continuité. Notre être-ensemble momentané n'a de sens que dans le maintient d'une activité qui nous dépasse, c'est donc sans doute à cela que notre énergie devrait être passée, à cela plutôt qu'à la récolte de bénéfice locaux, à court terme pour le confort de notre vie courte et solitaire.
Nous ne pouvons pas nous abstraire de cette communauté, si on s'en éloigne, on contribue à une autre, on affaiblit celle que l'on croit quitter mais nos doigts restent collés à la glaise, et lorsque nos forces nous quittent nos mouvements sont à nouveau contraints pas elle.
Finir la recherche.
La recherche est un faisceau tendu vers l'inconnu. Il est impossible d'en prévoir les bifurcations et les extensions.
Mais il existe un effet pervers de la recherche, un effet systémique. Une intégration a priori trop certaine de cette caractéristique de la recherche peut la verrouiller en un tournemain. Assurés d'une infinie nouveauté, d'une fin impossible, le?le chercheur?e s'enferme dans l'illusion d'une ouverture totale.
L'infini annoncé clôt paradoxalement les possibles, fige les trajectoires, et consciemment ou inconsciemment parfois, fige dans un lit mortifère la recherche, lui enlevant la moindre possibilité de déviation, de surprise, d'arrêt.
Il est donc nécessaire - dans un contexte où la fin est infinie - d'organiser des terminus, de forcer les clôtures pour trier les pistes et laisser d'autres s'emparer des espaces laissés vacants.
Régulièrement finir, abandonner le navire, disparaître, s'évanouir dans la nature, volontairement, par erreur ou dans un programme défini, garantie l'appartenance à une communauté plus large que nous.
Finir des exils
C'est enfin se séparer de ce titre de plus en plus problématique.
dire au revoir au groupe
tester ce qu'il en reste
mesurer les ambitions et les échecs
les piste ouvertes et jamais refermées
et imaginer une transmission des désirs et une prolongations des hypothèses
En finir des exils - en finir avec les exils?
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risque : auto-justifier notre position cf Suspended spaces
rideau : ulla van brandenburg :
https://www.youtube.com/watch?v=aJ7jc79Dl9Y
créer une zone critique actuelle :
blanche gardin vie et mort / grand-mère mourante
rideau ou table de ping-pong?
rideau comme filet de table de ping pong?
sinon effet rideau en web : https://speckyboy.com/curtain-effect-web-design/
traverser le parcours de des exils sous l'angle de la fin?
film nul?
c'est surtout le voyage qui a scellé la nullité du film?
Buster Keaton – The goat – héroïsme qui fond