episode 3 * Voler ce qui a ete vole

" Gimme my check, put some respek on my check
Or pay me in equity (Pay me in equity)
Watch me reverse out of debt (Skrrt) "

–> THE CARTERS - APESHIT - Beyoncé & Quavo




HOW TO :
Sois attentif·ve aux objets que tu étudies et à ton attitude vis-à-vis de ces objets
Cherche qui détient ces objets
Questionne-toi sur leurs trajets et voyages
Pose un regard critique sur le contenu des cartels dans les musées
Questionne les arguments des débats sur les restitutions des objets au Sud global par le Nord global
Détruis le canon et détruis les chefs-d'oeuvre
Dialogue avec les personnes minorisées
Critique l'actualité de l'art
Analyse les articulations entre questions éthiques/politiques et le milieu de l'art




Au même moment où en France et un peu partout en Europe les restitutions des œuvres d'art volées ont enfin été débattues, nos questionnements sur notre légitimité à parler d’exils nous a amené·es en général à nous interroger sur l'exil des objets, le récit hégémonique de l'histoire de l'art occidentale et son écriture : Qui l’écrit ? Quels sont les critères des canons artistiques ? Comment ont été constituées les collections des musées européens ?




En 2020, Mwazulu Diyabanza, Romain Catambara, Thibault Bao Abdelkader, Dihaoulou Bonelvy et Djaka Apakwa sont accusé·es de « tentative de vol en réunion d'un objet mobilier classé » pour un poteau funéraire Bari (Tchad) des collections du musée du Quai-Branly-Jacques-Chirac. Les cinq accusé·es pouvaient encourir jusqu'à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende.


En 1976, l'artiste Ulay a réalisé une performance qui s'appelle "Irritation - There is a criminal touch to art" à Berlin. Ulay avait volé la peinture préférée d'Adolf Hitler, " The Sad Poet" de Carl Spitzweg de la Neue Nationalgalerie et l'a emmenée dans la maison de migrants turcs. Cette action est considérée comme une performance aujourd'hui.



CHOISIS TON ARME/

Il y a une nécessité à restituer les œuvres d'art volées.
– « L’une des questions qui s’est imposée dès le début de la mission est celle du sens que nous devions donner au terme « restitution ». Lors de son discours du 28 novembre 2017 à Ouagadougou, le président de la République française Emmanuel Macron annonçait sa volonté d’œuvrer à ce que « d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique. » Dans le préambule de la lettre de mission (Document 1) qui fixe le cadre du présent travail, il souligne tout aussi explicitement sa volonté de « lancer une action déterminée en faveur de la circulation des œuvres et du partage des connaissances collectives des contextes dans lesquels ces œuvres ont été créées, mais aussi prises, parfois pillées, sauvées ou détruites. » Cette circulation, écrit-il ensuite, « pourra prendre différentes formes, jusqu’à des modifications pérennes des inventaires nationaux et des restitutions ». L’objet du propos est clair : il s’agit de procéder à des « restitutions » patrimoniales – d’ailleurs, le terme est mentionné à trois reprises dans la lettre. »
Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain. Vers une nouvelle éthique relationnelle, Novembre 2018

– « Comme l'ont déjà dit plusieurs personnes, le problème n'est pas la notion de patrimoine partagé en soi. La question qui se pose est : qui mène la barque ? Qui décide quels musées ont le droit de décider ce que l'on définit comme patrimoine culturel de l'humanité, qui peut accueillir ce patrimoine et pourquoi ? On doit se demander qui a le droit de décider ce qu'est un musée, et les conditions dans lesquelles lesdites propriétés de toute l'humanité sont conservées et exposées. Il va sans dire que les bronzes du royaume du Bénin n'ont jamais été fabriqués pour pour être exposés dans boîtes en verre et dans des salles bien tempérées. Dans quelle mesure cette propriété de l'humanité fait-elle donc partie du shared heritage, si celui qui l'accueille se croit tout puissant et dit connaître mieux que tout le monde les conditions dans lesquelles ce patrimoine doit être conservé ?
Mais surtout, qu'est-ce qu'une acquisition légale ou un patrimoine partagé lorsque le partenaire en question se trouve au bout du canon d'une arme à feu ? »
Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, Ceux qui sont morts ne sont jamais partis"La préservation de la suprématie, du Musée Ethnologique et les complexités du Forum Humboldt", éd. Archive Books Pamphlets



– « La conservation de la culture a sauvé les peuples africains des tentatives de faire d’eux des peuples sans âme et sans histoire (...) et si la culture relie les hommes entre eux, elle impulse aussi le progrès. Voilà pourquoi l’Afrique accorde tant de soins et de prix au recouvrement de son patrimoine culturel, à la défense de sa personnalité et à l’éclosion de nouvelles branches de sa culture. »
« Manifeste culturel panafricain », Souffles, n o 16-17, 4 e trimestre 1969, janvier-février 1970, p. 9-13.
Bénédicte Savoy, "À qui appartient la beauté?"